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Page:Regnard - Œuvres complètes, tome cinquième, 1820.djvu/103

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CORNICHON

Je le crois bien : je connois la fille d’un drapier qui en a renvoyé un de deux mille livres ; et si, dans ce temps là, les drapiers n’avoient pas gagné leur procès contre les marchands de soie.

BRAILLARDET

La femme d’un sous fermier, un carreau de cinq cents écus !

CORNICHON

Oh ! Taisez vous donc, si vous pouvez. Si on n’impose silence à Maître Braillardet, je n’achèverai jamais ma plaidoirie. C’est une femme que cet homme là ; il ne débabille pas. Vous la voyez, messieurs, à votre tribunal, cette innocente opprimée, cette femme qui engage ses pierreries, vend sa vaisselle d’argent. Mais pourquoi fait elle tout cela ? Pour tirer son mari de prison. Le Sieur Sotinet étoit entré malheureusement dans l’affaire du bois carré. Tous ses associés sont en fuite. On l’appréhende au corps ; on l’entraîne au for l’évêque. Cette chaste tourterelle, privée de son tourtereau, que d’impitoyables sergents lui ont enlevé, va, court, engage tout. Mais pourquoi, messieurs ? Pourquoi encore une fois ? Pour tirer son mari d’un cul de basse fosse.

BRAILLARDET

En vérité, messieurs, voilà une calomnie atroce. Le Sieur Sotinet n’a jamais été en prison. Je demande réparation.