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iv
PRÉFACE

générales, j’ai tiré parti, à un point de vue d’ordre plus grammatical, des règles suivantes qui s’imposent également, j’en ai acquis la conviction par l’expérience, à quiconque veut tirer le char de l’exégèse védique des ornières où il est embourbé depuis si longtemps : — Interpréter les cas des mots déclinables d’une manière uniforme et en strict rapport avec leur valeur la plus généralement admise ; ne considérer a priori comme adverbes ou prépositions que les très rares indéclinables de la langue des Védas ; se persuader que cette langue ne connaît pour ainsi dire pas de noms propres et que la plupart de ceux que l’on regarde comme tels ne doivent ce titre qu’aux préjugés évhéméristes des lexicographes et des traducteurs ; ne supposer le texte corrompu ou entaché d’une irrégularité quelconque qu’après avoir acquis la certitude absolue qu’il est inintelligible sans correction ; observer avec soin les coupes prosodiques comme éléments de ponctuation et sûrs indices de l’endroit où les phrases se terminent ; préciser les sens vagues et rectifier ceux qui sont inexacts à l’aide simultanée de l’étymologie, des exigences du contexte et de l’esprit général des conceptions védiques.

Dans une certaine mesure donc, mon livre est l’exposé d’un système d’interprétation du Rig-Véda fondé sur les remarques qui précèdent et, à cet égard, il peut être considéré comme la préface d’une traduction complète des hymnes. Le titre n’en implique pas moins un programme plus étendu et qui embrasse la grosse question des sources de la mythologie indo-européenne. C’est, qu’en effet, si les textes védiques de la spéculation brahmanique sous ses différentes formes, si surtout les métaphores des