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PRÉFACE

hymnes sont, comme je compte le montrer, la matière même qui prise au propre plus tard est devenue la cause de la grande erreur, du πρῶτον ψεῦδος qui a, durant de longs siècles, interposé ses voiles fantastiques entre l’esprit humain et la perception du réel, la manière dont je les comprends entraîne la solution de l’énigme mythique.

J’ajoute que le mythe, de concert avec la religion, est devenu la source de tout le développement intellectuel et moral qui a suivi, sous les différentes formes de la poésie, de la philosophie, des œuvres d’imagination, etc.

Le Véda est l’œuf d’or de la cosmogonie de Manou ; toute la genèse brahmanique en est issue. On peut dire en même temps que la science du Véda doit dissiper l’illusion mythologique : les promesses de la sagesse de l’Inde, qui voyait dans sa lumière la conquérante prédestinée de l’obscur domaine de la Mâyâ, étaient vraies dans un certain sens et j’ai pris à tâche de le montrer.

Mais, pour les choses que nous considérons, la Grèce, sans parler des autres nations de race indo-européenne, est inséparable de l’Inde. C’est dire qu’à mon avis, en Grèce comme dans l’Inde, l’apparition des mythes et leur alliance avec tous les modes primitifs de l’activité intellectuelle de la nation doit avoir eu pour base des chants religieux analogues aux hymnes du Rig-Véda et consacrés, ainsi que l’étaient ceux-ci, à la célébration de rites empruntés à la période d’unité[1].

  1. Les plus anciennes formes de la religion et de la mythologie en Égypte et en Babylonie, prêtent à croire que là aussi les métaphores relatives au sacrifice ont été le point de départ des développements ultérieurs. C’est une hypothèse que suggèrent particulièrement des travaux récents comme ceux du Rév. C.-J. Ball (Glimpses of Babylonian religion, dans les Proceedings of the Society of biblical Archæology, vol. XIV, 1892), et de M. Maspero, sur l’Ennéade (Rev. de l’hist. des Rel.) numéro de janvier-février 1892). Voir aussi et surtout Brugsch,