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Page:Reichenbach - Experience and Prediction.djvu/104

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90 IMPRESSIONS AND THE EXTERNAL WORLD

extérieures à mon esprit. Ainsi, le concept d’impression conduit à la distinction entre mon propre esprit et le monde extérieur. Les impressions sont des événements de ma sphère personnelle, de mon monde privé ; c’est une grave erreur, soutiennent les adeptes de cette conception, de penser que ce que j’observe sont des choses ayant une existence indépendante — je n’observe que les impressions produites par ces choses, c’est-à-dire les effets des choses extérieures sur mon monde privé.

Nous avons dit que nous admettions les phrases d’impression comme étant absolument certaines ; nous voyons cependant que cette certitude absolue est limitée aux seuls événements du monde privé. Avec le passage de ma propre expérience subjective au monde extérieur objectif, l’incertitude entre dans mes énoncés. Mais il ne s’agit pas seulement d’une incertitude concernant des déclarations particulières ; il se superpose une incertitude générale concernant le monde des choses extérieures. Comment savons-nous qu’il existe un tel monde extérieur en dehors de notre monde privé ? C’est le problème de l’existence des choses extérieures qui se pose ici.

Tant que nous considérions les phrases d’observation comme la base de la connaissance, le problème de l’existence ne se posait pas. Il n’y a pas de différence de caractère existentiel entre les faits d’observation et les autres faits indirectement déduits ; c’est seulement l’introduction de la base de sa propre expérience psychique qui crée le problème de l’existence. Ce problème est donc dû à une certaine avancée de la recherche philosophique ; il trouve son origine dans la tentative de réduire la connaissance à une base absolument certaine.

En effet, pour la conception naïve du monde, il n’y a pas de problème d’existence. La sphère de la vie quotidienne n’est pas perturbée par la question de savoir si les choses que nous observons autour de nous sont réelles, existent ; tout doute sur cette réalité serait considéré comme ridicule, comme le résultat d’un éloignement malsain des vues claires de l’expérience quotidienne.