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Page:Reichenbach - Experience and Prediction.djvu/117

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§ 12. THE POSITIVISTIC WORLD 103

la « classe régulière » et la « classe irrégulière ». En appliquant le principe de la rétrogradation, nous trouvons que la phrase « Je rêvais » signifie « Mes impressions appartenaient à la classe irrégulière » ; tandis que la phrase « Je suis éveillé » signifie « Mes impressions appartiennent à la classe régulière ». La différence entre rêver et être éveillé est donc sauvée par cette théorie ; si quelqu’un exige davantage, s’il veut soutenir que les choses qu’il voit en étant éveillé sont des choses « réelles » tandis que les choses du rêve sont des choses « irréelles », il ne dit rien parce qu’un tel surplus d’affirmation n’aurait pas de sens. Tout ce qu’il veut soutenir par de tels mots est suffisamment exprimé par la différence déjà établie entre le rêve et l’état de veille — parce que rien d’autre ne peut être soutenu.

Telles sont les idées fondamentales du positivisme telles qu’elles sont généralement développées par ses adeptes. Il y a dans ces conceptions quelque chose de très suggestif, quelque chose de comparable à la clarté convaincante d’une conversion religieuse ; et l’ardeur avec laquelle cette interprétation du problème de l’existence a été soulignée par les prédicateurs du positivisme rappelle en effet le fanatisme d’une secte religieuse. Je ne dis pas cela dans l’intention de discréditer le positivisme ; au contraire, c’est justement cette force de conviction qui attire notre sympathie par son intensité et sa candeur manifestes et par son désir extrême de se soumettre aux exigences de la netteté intellectuelle. Mais c’est le danger des doctrines fanatiques que d’oublier la nécessaire critique de leurs conceptions de base ; il faut veiller à ce que l’admiration de la lucidité de la théorie ne nous retienne pas d’examiner sobrement ses fondements logiques.

Les recherches sur la signification que nous venons de faire nous amènent à nous attaquer à l’un des piliers de la doctrine positiviste.