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CHAPITRE XXXIII

Tempête


Il y avait plus de huit jours que je menais cette existence d’une odieuse monotonie. La seule voix qui frappât mon oreille était la plainte des vagues qui gémissaient au-dessus de ma tête ; oui, au-dessus de ma tête, car je plongeais dans l’abîme, à une grande distance de la surface de la mer. De loin en loin je distinguais un bruit sourd, causé par un objet pesant qui tombait sur l’un des ponts. Lorsque le temps était calme, je me figurais entendre le son de la cloche qui appelait les hommes de quart, mais je n’en étais pas sûr ; le bruit était si faible et si lointain, que je n’aurais même pas affirmé que ce fût le tintement d’une cloche, encore ne l’entendais-je que pendant une accalmie.

Par contre je saisissais les moindres changements de temps ; j’aurais pu dire quand fraîchissait la brise, tout aussi bien que si j’avais été sur le grand mât. Le roulis du vaisseau, les craquements de sa