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VII

LA LUTTE


Je fis quelques brassées, puis, me redressant, je marchai prudemment et atteignis en grimpant le bord sablonneux. Tremblant de tout mon corps et ruisselant d’eau, je demeurai immobile, ne sachant ce qu’il me restait à faire. J’étais sorti du côté opposé du lac, craignant un brusque retour de l’ours. Il pouvait fort bien s’être contenté de porter l’antilope dans sa caverne et reprendre fantaisie de venir à ma recherche. Ces animaux ont l’habitude d’enfouir leur butin ou de le cacher dans leur retraite. D’ailleurs, il ne lui fallait que quelques minutes pour dévorer l’antilope.

J’étais indécis. Fuir en ce moment ne me dispensait point de retourner sur mes pas pour rentrer en possession de ma jument et de mon fusil, car il m’était impossible de me risquer dans la prairie à pied. Au reste, j’aimais trop ma monture pour pouvoir songer à l’abandonner, à la laisser en péril. Plutôt que de me séparer d’elle, j’aurais vingt fois risqué ma vie. Mais comment la rejoindre ? Le seul chemin qui pût me conduire jusque-là passait par le gouffre, et celui-ci était occupé par mon ennemi.

Il ne me restait qu’une seule chance, ou, pour parler plus exactement, une seule hypothèse favorable. Peut-