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Page:Reid - Le Cheval sauvage, 1888.djvu/66

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LE CHEVAL SAUVAGE.

Mexique. Les traitements barbares qu’ils avaient eu à subir lorsque le hasard les avait fait tomber entre les mains des soldats mexicains — les oreilles coupées en témoignaient — avaient fait d’eux des ennemis acharnés de cette nation, et la guerre qui venait d’éclater leur fournissait l’occasion tant de fois désirée d’assouvir leur vengeance. Sans faire aucune objection, ils se déclarèrent prêts à entrer dans ma compagnie et à me servir, l’un d’éclaireur ou d’espion, l’autre de guide.

Comme mes blessures, quoique nombreuses et profondes, n’étaient pas dangereuses, mes forces me revinrent rapidement, grâce aux remèdes intelligents et à la sollicitude des deux trappeurs expérimentés. Au bout de trois jours, je fus en état de me remettre en selle.

Nous nous dirigeâmes alors vers le village où j’étais en garnison, mais sans reprendre mon ancienne piste. Mes compagnons connaissaient une route meilleure où nous étions sûrs de trouver de l’eau, ce qui, dans une excursion à travers les pampas, est le point le plus important. Le ciel était gris, le soleil invisible, et nous courions le danger de nous écarter de la bonne voie. Pour éviter ce péril, mes deux amis fabriquèrent une boussole de leur invention. Ils plantèrent une branche d’arbre en terre, et attachèrent au haut un morceau de peau d’ours. Après avoir arrêté la direction que nous avions à suivre, ils enfoncèrent dans le sol un autre bâton également pourvu d’un morceau de peau d’ours, et le fixèrent à plusieurs centaines de pas du premier. À mesure que nous avancions, nous regardions de temps à autre derrière nous, car nous savions que nous continuions à marcher en ligne droite aussi longtemps que le premier et le plus éloigné des deux bâtons disparaissait derrière l’autre. Quand les deux points noirs représentés par la peau d’ours furent hors de portée de notre vue,