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LE CHEVAL SAUVAGE.

sait, je m’étais promis de la visiter à la première occasion. Elle offrait l’aspect singulier d’une armoire gigantesque dressée debout sur la prairie. Ses côtés étaient parfaitement d’aplomb et perpendiculaires à son sommet, dont le niveau, exactement horizontal, formait une surface parallèle à la plaine.

Ces collines dont la cime ressemble à une table plane portent au Mexique le nom de « plateaux tabulaires ». Quelquefois, la distance qui sépare deux hauteurs de ce genre est de plusieurs centaines de milles ; mais le plus souvent elles se trouvent rapprochées par groupes comme un jeu de quilles colossales portant un pavois, toutes d’égale élévation et couvertes, en général, à leur cime d’une végétation nettement distincte de celle de la plaine environnante.

En nous approchant de cette singulière éminence, nous vîmes qu’elle perdait beaucoup de son caractère marquant et que sa forme de parallélipipède régulier s’éloignait considérablement de la symétrie géométrique. Des contreforts étroits partaient des flancs du rocher, et en plusieurs endroits les lignes droites se brisaient. Ce qui paraissait indéniable, c’est que le sommet du plateau était inaccessible, car ses parois figuraient des murs escarpés de cinquante pieds de haut que, dans l’opinion de mes compagnons, aucun homme n’avait jusqu’alors escaladés.