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LE CHEVAL SAUVAGE.

des pousses de cèdre rampant, dont celui qui ferait l’escalade pourrait s’aider.

Sans hésiter, je communiquai ma découverte à mes compagnons. Tous deux s’en montrèrent fort réjouis et déclarèrent, après un bref examen, le chemin très praticable. Mais dans quel but grimper là-haut ? Nous n’avions aucune perspective de pouvoir descendre de l’autre côté. D’ailleurs, si nous étions sûrs d’échapper à toute attaque, une fois arrivés au plateau, nous étions tout aussi certains de n’y pas trouver d’eau, et la soif était pour nous plus redoutable encore que les Mexicains. En outre, tant que nous restions au pied de la colline, nous gardions nos chevaux qui pouvaient nous servir à fuir et, dans un cas extrême, nous pourrions les manger. Mais faire l’ascension de la hauteur, c’était nous condamner à les perdre. Aussi la lueur d’espoir qui nous était apparue un moment s’évanouit-elle presque aussitôt.

Jusqu’alors Ruben ne s’était pas prononcé. Il restait pensif, appuyé sur son long rifle. Lorsqu’il eut gardé cette attitude pendant plusieurs minutes sans dire une parole, un sourire éclaira sa rude physionomie :

— Combien de yards a ton lasso, Bill ? demanda-t-il.

— Vingt, répondit Garey.

— Et le vôtre, jeune homme ?

— Au moins autant, peut-être un peu plus.

— Très bien, dit-il d’un air satisfait ; avec mon lasso cela fait une longueur de cinquante-six yards. Il est vrai qu’il y a à décompter les nœuds, mais nous avons par contre nos brides en sus. Écoutez donc mon idée. D’abord nous grimpons là-haut, dès qu’il fait assez noir pour ne pas être aperçus ; nous emportons nos lassos et nous les lions bout à bout ; si la courroie n’est pas assez longue, nous y attachons nos brides. L’ennemi, nous croyant toujours aux aguets, n’osera