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Page:Reid - Le Cheval sauvage, 1888.djvu/80

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LE CHEVAL SAUVAGE.

pas s’approcher de nos chevaux qui n’auront rien à craindre jusqu’au jour. Pendant ce temps, nous attachons notre lanière de soixante mètres environ à un arbre et nous nous laissons descendre tout doucement de l’autre côté de la colline. Une fois dans la prairie, nous pendons nos jambes à notre cou, nous filons en droite ligne sur la garnison du capitaine, nous y faisons lever une demi-douzaine de ses meilleurs tireurs, et tous montés à cheval nous revenons à la colline, nous tombons sur les Mexicains endormis et nous leur administrons la plus belle volée qu’ils aient reçue depuis le commencement de la guerre.

Nous nous empressâmes, Garey et moi, de donner notre acquiescement à ce plan, et il ne nous fallut pas longtemps pour ne faire qu’une seule lanière de nos trois lassos et pour attacher solidement nos chevaux, de manière à les empêcher de bouger de place ; cela fait, nous attendîmes la nuit.

Ruben ne s’était pas trompé dans ses prévisions. La nuit, qui tomba bientôt, fut aussi ténébreuse que nous pouvions la souhaiter. D’épais nuages noirs couvrirent tout le firmament, un orage s’annonça, et déjà quelques grosses gouttes de pluie mouillaient nos selles. Tout à coup un éclair embrasa tout le ciel et illumina la prairie comme si l’on avait allumé des milliers de torches. Cette circonstance nous était défavorable : un seul sillon lumineux pouvait révéler tout notre plan aux ennemis.

— Bah ! dit Ruben après avoir considéré le ciel ; nous grimperons entre deux éclairs.

Il avait à peine achevé de parler que pour la seconde fois un véritable incendie s’alluma dans le ciel et projeta sur l’immensité de la prairie des reflets si intenses que nous pûmes distinguer aisément les boutons des habits de nos adversaires.

Pendant ce temps, Garey s’était noué le lasso par