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Page:Reid - Le Cheval sauvage, 1888.djvu/92

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LE CHEVAL SAUVAGE.

rocher. Les Indiens poursuivaient les fuyards sans perdre de vitesse et en les accablant de sinistres imprécations. Garey et moi nous nous précipitâmes vers l’autre bord du plateau. Les deux partis couraient par petits groupes. Il n’y avait pas deux cents pas de distance entre le premier rang des Peaux-Rouges et le dernier des Mexicains. Les sauvages ne cessaient de pousser leur cri de guerre, tandis que les autres galopaient dans le plus profond silence. Tout à coup un cri d’effroi partit de la troupe des Mexicains. Ce cri annonçait évidemment un événement. En même temps nous les vîmes faire halte.

Le motif de cette conduite extraordinaire ne nous demeura pas longtemps inconnu. À trois cents pas environ des Mexicains, s’avançait vers eux au galop une troupe de cavaliers. Les pas pesants de leurs chevaux nous apprirent bientôt quels étaient les nouveaux arrivants. D’ailleurs, leurs cris, qui ne ressemblaient point à ceux des Mexicains ni à ceux des Indiens, ne nous laissaient aucun doute à cet égard.

Ahead ! ahead ! [1] répétaient-ils en éperonnant leurs montures.

— Hourra ! hourra ! s’écria Garey de toutes ses forces. Ce sont vos hommes, capitaine.

Les Mexicains effrayés, à l’aspect de ces nouveaux ennemis sur lesquels ils ne comptaient pas, restaient indécis. Ils crurent d’abord qu’ils avaient affaire à une seconde bande de Peaux-Rouges ; mais une volée de balles leur prouva que leurs adversaires étaient des soldats disciplinés ; et, tournant bride à gauche, ils s’enfuirent dans la prairie.

Alors, les Indiens, pour leur couper le passage, pri-

  1. En avant ! En avant ! — Interjection qui n’est employée que par les Américains des États-Unis.