Page:Reiset - Mes souvenirs, tome 1.djvu/336

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
327
CHAPITRE ONZIÈME

— « Je recommencerai la guerre d’ici à peu de temps, répliquait-il. Avant tout, il faut panser nos blessures. Ah ! la guerre, mon cher, je ne désire que cela, et je ne suis heureux que quand je suis en campagne et au milieu des soldats. L’abdication de mon père ne changera rien à notre politique : je suis tout à fait Italien. J’espère que les Français m’aideront et que le maréchal Bugeaud viendra bientôt me donner un bon coup de main. »

Je dus lui enlever cette illusion : « Ne comptez pas sur l’intervention de la France, lui dis-je. Il eût fallu pour cela que les Autrichiens après Novare vous eussent poursuivis jusqu’à Turin. Puisqu’ils sont assez prudents pour regagner leurs frontières, nous ne ferons pas la guerre en ce moment. Nous avons été blessés d’une parole de votre père : Italia farà da sè ! Vous rêvez l’unité de l’Italie : contentez-vous d’une confédération italienne. C’est le but pratique à atteindre. Si l’unité de l’Italie se fait, elle ne durera pas longtemps. Mettez-vous d’accord avec le Pape, ne vous laissez pas conduire à Rome et formez un grand peuple confédéré sans vous diviser entre vous. C’est la seule manière d’arriver à un bon résultat, « en sachant attendre votre astre, » comme le disait si