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MES SOUVENIRS

bien votre chevaleresque père ! Rappelez-vous que qui trop embrasse mal étreint. Ce serait une grande faute que de songer à prendre Rome, ce qui mettrait tous les intérêts catholiques contre vous. »

Victor-Emmanuel me dit alors qu’il partageait mon opinion et qu’il ne ferait, ni n’autoriserait rien contre le Pape : « Je suis très superstitieux, ajouta-t-il ; je craindrais que cela me portât malheur. »

Puis, la conversation prit un tour plus enjoué. Victor-Emmanuel, en veine de confidences, me raconta quelques-unes de ses aventures galantes. L’une d’elles avait eu un dénouement tragique. Il faisait la cour à une jeune bourgeoise très jolie près de laquelle il pénétrait mystérieusement, y passant une partie de ses soirées. Le secret de ses visites fut révélé, soit à la famille de la jeune fille, soit à d’autres amoureux. Un soir, comme il venait de la quitter, il fut assailli dans la rue par trois individus. Victor-Emmanuel n’avait que sa canne avec laquelle il se défendit si bien et porta de si rudes coups qu’il étendit sur le pavé l’un de ses agresseurs ; il eut ensuite facilement raison des autres et il put rentrer chez lui sans accident. Il croyait cette aventure à jamais couverte par les ombres de la nuit quand quelques jours après il fut appelé par son père qui lui fit les plus vifs reproches et qui lui dit qu’un de