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MES SOUVENIRS

le sens le plus honorable de ce mot, il avait toujours la note juste et le courage de tout dire, écrivait au ministre des affaires étrangères de France au sujet de cette cérémonie : « La vue de ce jeune roi qui recueille un héritage si difficile et auquel se rattachent de si grandes craintes et de si grandes espérances était de nature à saisir vivement l’esprit des personnes appelées à assister à ce drame imposant : un fils obligé de réparer le mal qu’a fait son père tout en respectant et honorant sa mémoire, un prince chargé de faire respecter la royauté quand son prédécesseur l’a mise à deux doigts de sa perte, un soldat qui s’est vaillamment exposé sur le champ de bataille obligé de parler des revers de l’armée à laquelle il a appartenu, de maudire la guerre qu’il a faite et d’immoler des souvenirs de gloire et de grandeur au besoin de la paix ; enfin, un souverain obligé de ménager les hommes placés entre le peuple et lui quoiqu’il les regarde comme les ennemis de l’un et de l’autre ; — et ce prince a vingt-six ans, et ces hommes débutent dans la vie politique, et il s’agit du sort de cinq millions d’hommes !

« Tel était le spectacle que nous avions devant les yeux, tels en étaient le sujet et les auteurs ! »

La nouvelle Chambre était bien incapable de comprendre la grandeur de sa mission.