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MES SOUVENIRS

Une année après ces événements, la comtesse du Cayla vint s’établir à Turin. Elle y rencontra la famille de Waldburg-Truchsess, à qui elle raconta tous les détails de cette triste affaire dans laquelle elle avait joué un grand rôle. Lisant dans les journaux la grossesse de la duchesse de Berry renfermée dans la citadelle de Blaye, Mme du Cayla, depuis de longues années toute dévouée à la branche aînée de la maison de Bourbon, écrivit ces quelques mots à la duchesse : « Votre situation est-elle telle qu’on la dit ? Puis-je sauver votre honneur ? Sinon, je me prosterne à vos pieds pour vous demander pardon de l’impardonnable proposition que mon zèle à toute épreuve a osé vous faire. » Ces lignes furent envoyées par un messager subalterne très adroit qui put s’introduire dans la citadelle. La réponse ne se fit pas attendre « J’accepte le mari que vous m’avez choisi. » Avant de faire cette proposition, Mme du Cayla s’était occupée de la manière de la réaliser. Elle avait vu souvent à la Haye, où elle avait fait un séjour, le comte Lucchesi et l’avait entendu parler avec enthousiasme de la duchesse de Berry. Elle jeta les yeux sur lui et lui fit faire les premières ouvertures par le missionnaire Mary qu’elle apprit être son confesseur. C’était un homme d’un grand zèle et d’une éloquence très persuasive.