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CHAPITRE DEUXIÈME

milieu de cette agitation fébrile des populations, toujours calme, mélancolique même, ne repoussant pas, mais éloignant, calmant cet entraînement universel, auquel cependant il serait peut-être dangereux de résister trop longtemps. Je l’ai toujours cru et j’en suis certain maintenant, il n’y a en France que deux sentiments politiques, deux courants puissants, les principes moraux et monarchiques en faveur du prince Louis-Napoléon, et les principes socialistes, démagogiques, barbares, marchant sous la bannière de Ledru-Rollin et consorts. Le premier courant, le seul bon courant qui ait un lit profond, entraîne tout en ce moment vers l’Empire si on le laisse s’écouler sans but, la portion dangereuse, destructive, se séparera et coulera vers le lit du torrent démagogique, et alors quelle sera la digue assez puissante pour l’arrêter ?

« Voilà, mon cher comte, ce que les partis conservateurs et les rois de l’Europe doivent examiner de sang-froid et dans l’intérêt de l’avenir monarchique. Que Dieu les éclaire et nous évite de nouvelles révolutions ! »

Le 31 octobre, j’eus à dîner M. de Kisselef, dont le retour à Saint-Pétersbourg avait causé une si vive émotion, le baron Georges de Meyendorff, les ministres d’Angleterre, d’Autriche, de Bavière, et le