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CHAPITRE TROISIÈME

Il croyait que son gouvernement s’associerait entièrement à la France à la conférence et qu’il n’admettrait jamais, si l’on en faisait la proposition, que la couronne de Grèce passât sur la tête d’un prince de la maison d’Oldenbourg Du reste, ajouta-t-il, ce projet ne vient pas de la Russie ; je crois savoir que c’est une intrigue de la reine Amélie. »

Lorsqu’il avait été question de choisir un des jeunes fils du prince de Leuchtenberg comme candidat au trône de Grèce, l’empereur Nicolas avait dit qu’il ne consentirait jamais à seconder ce projet. À l’égard de la conversion du prince Adalbert, il s’exprima en ces termes : « Je comprends qu’un homme change de religion lorsqu’il n’a pas devant lui un avantage prochain de fortune ou de position, mais je ne trouve pas convenable qu’il accomplisse cet acte religieux seulement dans un intérêt immédiat ; c’est un acte qui ne peut paraitre honorable ni à ses yeux, ni à ceux des autres. »

Ces paroles textuelles faisaient connaître le motif pour lequel on pressait tant le prince Adalbert d’embrasser la religion grecque. À Pétersbourg, le moindre mot de l’Empereur sert de mobile et de règle à tout ce qui se fait en politique. Le ministre d’Angleterre ne tarda pas à se rallier à l’opinion de l’empereur Nicolas. « Je partage, me dit-il, l’avis de l’Empereur