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MES SOUVENIRS

à l’égard de la conversion du prince Adalbert. Pourquoi, en effet, ne pas faire le jour même ce qu’en doit accomplir le lendemain ? « Et comme je lui représentais le danger que cette conversion immédiate pourrait faire surgir pour la tranquillité de la Grèce :

« Non, je ne crois pas à ces dangers, m’a-t-il répondu, et c’est dans ce sens que j’ai écrit à mon gouvernement. Du reste, il ne faut pas croire que l’empereur Nicolas n’ait pas aussi intérêt à ce que cette couronne reste dans la maison de Bavière ; les Grecs portent naturellement leurs regards sur les princes de la famille impériale de Russie qui appartiennent à la même croyance qu’eux, et la Russie se trouve ainsi toute-puissante à Athènes sans souffrir des inconvénients qui sont attachés à l’exercice du pouvoir. »

Le ministre de Bavière, le comte de Bray, récemment arrivé à Pétersbourg, paraissait au contraire peu satisfait des exigences du gouvernement russe, et il ne semblait nullement rassuré sur ses vues :

« Quoique l’Empereur, disait-il, se soit dans le temps montré peu désireux d’appeler au trône de Grèce un des fils du duc de Leuchtenberg, son ministre en Bavière, M. de Séverine, m’a au contraire parlé assez sérieusement de ce projet dans le cas où la maison de Bavière ne voudrait pas accepter les