Page:Remy - Les ceux de chez nous, vol 12, Batte les coqs, 1916.djvu/16

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à l' main, répond de l’autre bout le sot Houbert, qui rie tout seul.

Allez è fou dè djeu, vos deux tchîâx, leur crie Lovinfosse. Ils n’ont nin qwatte patârs è leu poche et ils vinriz fer displî et brôdjî l’jowe.

Maque, hagne, strouke ! mi p’tit Neurai, crie toujours Djôre en faisant des gestes avec ses pieds et ses mains.

Hourra, vive Bonapare ! que le sot Houbert répond tout le temps. Alors, pendant que les deux coqs se donnent des coups presque en mesure et qu’on se penche pour mieux voir, voilà qu’on entend une vieille petite voix, derrière nous.

Vive Bonapare ! vive l’âpèreûr ! il r’vinret, il r’vinret !

C’est le vieux Michî, qui est tout seul, assis près du mur où il ne voit rien ; il a toujours un hèna dans une main et il remue l’autre en tremblant. Il a presque cent ans, dit-on, et il a été à la guerre dans le temps ; il ne voit plus goutte, il boit du pèquet et raconte toujours la même chose.

Il a déjà riv’nou ine feye èdon di l’île di Lelp. Il r’vinret co. Nôna, il n’est nin moèrt. Il r’vinret. « Mes enfangs, diha-t-il to passant d’vant nos autes, la victoère est à nous.» Et il m’bouha è s’toumac, tôt contint. Vive l’âpèreûr !

Et il pleure maintenant, le vieux Michî. Comme il est drolle !

Oui mais, les coqs ont continué à se battre et Bonapare est enragé, lui qui ne voulait pas se battre d’abord. Et il saute en lançant ses sporons que la treille est remplie de