Page:Remy - Les ceux de chez nous, vol 3, Pour les voleurs, 1916.djvu/13

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Avez-ve bin ressèré tot ? que ma tante dit de son lit.

Awet djan no n’polan co mâ, qu’il répond comme s’il voulait commencer à se disputer.

Je suis dans mon petit lit, et à travers les barreaux qu’il y a des deux côtés pour que je ne tombe pas hors, je regarde la lumière qui brûle. Ça fait une flamme pointue avec comme une boule jaune autour, on dirait un abricot en lumière. De temps en temps, on ne sait pas pourquoi, la flamme pousse des petits coups en haut comme si elle voulait s’envoler, puis, après, elle se penche sur un côté et l’autre pour dire : « Non, non », et on voit une petite crolle noire de fumée qui monte. Et sur le plafond la lumière remue tout le temps comme de l’eau qui tribole.

Et puis, quand je cligne un peu mes yeux, il me semble que ça fait des grands fis d’arka en or, et la petite lumière a un air fatigué et triste comme si elle attendait après quelque chose. Est-ce peut-être parce qu’elle sait bien qu’on va l’éteindre. J’ai peur aussi et je voudrais bien qu’elle ne soit pas éteindue, mais mon oncle va la souffler comme toujours.

Y esté-ve ? crie-t-il tout d’un coup. Et il me faut répondre :

Awet, bonne nutte.

Et je vois qu’il la prend et la met près de sa bouche ouverte comme pour la manger, mais : Puah ! qu’il fait, et la flamme jaune devient toute plate et s’en va. Il fait si noir, tout d’un coup, mais au fond de mes yeux je