Page:Remy - Les ceux de chez nous, vol 9, J'écris une belle lettre, 1916.djvu/14

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— Est-ce un piotte ?

Nona dai. Ji n’voreux nin hanter avou on laid p’tit accropou piotte. Lanci qu’il est ; et so on bai blanc ch’vâ èco !

Et hors du tiroir de la petite table, elle prend un portrait avec un verre dessus qu’elle ressuie bien avec son beau tabilier de dimanche et l’montre. C’est un soldat avec un grand long bois pointu avec un petit drapeau. Et lui, il a son ventre et sa poitrine tout traversés de blancs galons, on dirait un esquelette. Trinette donne une grosse baise au verre, le ressuie encore, dit « Binamé trésôr », et le r’met dans l’tiroir.

— Trinette, puisque c’est un cavayïr, alors, je sais bien quoi, je parle du cheval.

Volà n’bonne ideye, çoula, et çoula fait todi plaisir et on comprind dès mons.

J’ai dit ça parce que je m’rappelle justement qu’avant-hier à l’école, nous avons fait dictée sur le cheval et j’étais deuxième, je n’avais que dix-sept fautes.

Allai valet, tcherriz ! qu’elle dit Trinette, et elle veut regarder ce que j’écris, comme si elle pouvait lire.

Et comme je me rappelle bien tout par cœur, j’écris vite pour ne pas me tromper.

« Le cheval. — Le cheval est un quadrupède.
» Il est généralement herbivore et n’a
» pas le sabot fendu. Il est fier, sobre et laborieux.
» De bon matin il commence avec joie
» sa tâche quotidienne. Il porte sur son dos
» des personnes qu’on nomme cavaliers, ou