Page:René Crevel La Mort Difficile 1926 Simon Kra Editeur.djvu/109

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Et puis la Roumano-Scandinave avait une manière d’agiter ses promesses comme un trousseau de clés à telle enseigne qu’il avait la sensation d’être prisonnier. À noter d’autre part qu’elle le gardait à vue et ne le quittait pas d’une semelle comme si elle avait peur qu’il se perdît.

On ne lui laissait guère de moyens de se distraire. Il avait bien essayé de se lier avec le premier danseur pour qui, à la vérité, jamais il ne s’était senti beaucoup d’attraction, mais qu’une publicité habile, et la passion acharnée jusqu’au ridicule d’un vieux duc et d’une grosse Péruvienne qui se le disputaient frénétiquement, aux yeux tout neufs d’Arthur, paraient d’un certain prestige qu’il eût aimé à croire un prestige certain. Mais après quelques dîners et quelques soirées à Montmartre, il le jugea définitivement si stupide qu’à l’avenir il ne put même plus supporter sa présence.

Bruggle s’ennuyait et c’est pourquoi lorsqu’il pouvait s’échapper de l’hôtel de la Roumano-Scandinave (qu’il appelait maintenant sa dompteuse) il se réfugiait dans l’académie où Pierre Dumont et Diane Blok venaient faire leurs croquis.

Or Bruggle avait remarqué Pierre, avant même que Pierre ne l’eût remarqué, mais Bruggle, persuadé que sa gloire toute neuve lui conférait une dignité à laquelle il ne devait manquer, n’eût accepté, pour rien au monde, de faire, le premier, des avances. Il attendait celles