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Page:René Guénon - Le Théosophisme, histoire d'une pseudo-religion.djvu/21

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le théosophisme

Paris qu’elle a reçu sa mission, et non dans l’Inde ou au Thibet.

D’autre part, il paraît que, lorsque Mme Blavatsky arriva en Amérique, elle demandait à toutes les personnes avec qui elle entrait en relations si elles connaissaient quelqu’un du nom d’Olcott[1] ; et elle finit en effet par rencontrer cet Olcott, le 14 octobre 1874, à la ferme de Chittenden (Vermont), chez les époux Eddy, où se produisaient alors des « matérialisations d’esprits » et autres phénomènes du même genre. Henry Steele Olcott était né à Orange (New-Jersey) en 1882 ; fils d’honorables cultivateurs, il avait été d’abord ingénieur agronome, puis, pendant la guerre de Sécession, il avait servi dans la police militaire, et c’est là qu’il avait gagné le titre de colonel, assez facile à obtenir aux États-Unis. La guerre terminée, il se mit à faire du journalisme, tout en partageant ses loisirs entre les Loges maçonniques et les sociétés de spiritisme ; collaborant à plusieurs journaux, notamment au New-York Sun et au New-York Graphic, il y écrivit divers articles sur les phénomènes de Chittenden, et c’est vraisemblablement par la lecture de ces articles que Mme Blavatsky sut où elle pourrait enfin trouver son futur associé.

Mais qui avait pu donner à Mme Blavatsky l’idée de se mettre en rapport avec Olcott, qui n’occupait pas dans le monde « spiritualiste » une situation particulièrement en vue ? Ce qui peut donner la clef de ce mystère, en écartant l’hypothèse d’une communication des « Mahâtmâs » qui ne peut être soutenue sérieusement, et qui n’est ici qu’une explication inventée après coup, c’est qu’Olcott connaissait déjà John King, s’il faut en croire ce qu’il écrivait en 1876, à propos de ce prétendu « esprit », à William Stainton Moses, un spirite anglais bien connu sous le pseudonyme de M. A. Oxon : « Il a été souvent à Londres ; en fait, je l’y ai rencontré moi-même en 1870. » Dans la correspondance où nous relevons cette

  1. Voir le récit déjà cité de la comtesse Wachtmeister.