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XIII

LA FIN D’UNE PRINCESSE


Ce furent de terribles journées pour Lise Barineff que celles qui suivirent l’enlèvement de sa fille par Pierre Olsdorf. Déjà, lorsque sa mère lui avait rappelé durement que son divorce mettait une barrière infranchissable entre elle et son fils, son cœur avait saigné ; mais préparée de longue date, pour ainsi dire, à cette séparation, elle avait cherché un refuge contre la douleur qu’elle en éprouvait dans sa tendresse pour son dernier enfant. Et c’était cet enfant doublement adoré qui lui était ravi ! Qui donnerait à cette fillette de quelques mois ces soins du premier âge pour lesquels personne ne remplace une mère ? Ce n’était pas elle qui la verrait grandir, qui la soignerait si elle était souffrante ; c’était une étrangère qui sècherait ses larmes, qui aurait ses doux sourires, qu’elle aimerait !

Elle comprenait bien maintenant la logique fatale à laquelle le prince avait obéi en emmenant Tekla. Aux yeux de la loi, il en était le père ; s’il la lui eût laissée, c’eût été implicitement la renier et, par conséquent, rejeter sur elle, l’épouse adultère, les fautes qu’il avait prises à sa charge pour que le divorce fût prononcé contre lui. Elle était donc forcée de reconnaître que, s’il avait cruellement usé de son droit, son ex-mari n’était que resté fidèle à la ligne de conduite qu’il avait adoptée, et elle souffrait davantage encore de ne pouvoir accuser qu’elle-même.

Pour la première fois, la malheureuse regretta le passé