Page:René de Pont-Jest - Divorcée.djvu/158

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Car l’excellente Mme  Daubrel n’était pas seule à plaider, rue de Douai, la cause du nouveau ménage. Il y avait encore Mme  Meyrin la mère, qui aurait voulu embrasser son fils tous les jours et se sentait affectueusement attirée vers sa femme ; puis la petite Nadèje qui, se souvenant toujours des caresses et des cadeaux de la princesse Olsdorf, demandait naïvement comme il se faisait qu’elle ne voyait plus cette belle dame depuis qu’elle était devenue sa tante, et enfin, un troisième personnage que nos lecteurs ont à peine entrevu jusqu’ici : le comédien Dumesnil.

Le vieil artiste était depuis longtemps lié avec les Meyrin. Pendant plusieurs années, il avait donné des leçons de diction aux jeunes filles dont Mme  Frantz était le professeur de chant, et dans les matinées artistiques de la rue de Douai, il lui arrivait parfois de débiter quelques tirades classiques, que les auditeurs bienveillants, comme tous ceux de ces réunions, applaudissaient chaleureusement. C’étaient là maintenant les plus beaux succès de l’ancien amant de la générale Podoï, depuis que les tragiques s’étaient peu à peu exilés de l’Odéon.

Ce sont ces relations fréquentes de Dumesnil avec les Meyrin qui lui avaient permis d’assister au mariage de Lise.

Informé, ainsi que nous l’avons vu, par la générale Podoï elle-même, alors qu’elle était encore comtesse Barineff, du mariage de sa fille avec le prince Olsdorf, le brave comédien n’avait plus entendu parler d’elle pendant qu’elle était restée en Russie ; c’est tout au plus si on avait daigné lui faire part de la naissance de son fils Alexandre, son petit-fils cependant ; mais lorsqu’elle était arrivée à Paris, les journaux le lui avaient appris et on pense si, après avoir su par les Meyrin qu’il la recevaient, il s’était empressé de faire en sorte de se rencontrer avec celle dont il était le père et qu’il n’avait pas revue depuis plus de vingt ans.

Rue de Douai, Dumesnil passa d’abord à peu près inaperçu pour la jeune femme, mais tout en conservant une discrétion absolue à l’égard des liens qui l’unissaient à elle, il sur néanmoins s’y prendre de façon à l’intéres-