Page:René de Pont-Jest - Divorcée.djvu/160

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famille, en se rencontrant à peu près tous les jours, après une si longue séparation, avec la fille que l’ambition de sa mère lui avait ravie.

Assiégée de la sorte, Mme Frantz dut finir par se rendre. Son mari lui avait fait comprendre que cette rupture était non seulement pénible pour lui, mais qu’elle était aussi préjudiciable à leurs intérêts pécuniaires, l’ex-princesse Olsdorf ayant conservé de nombreuses relations dans la colonie russe, où se donnaient beaucoup de concerts et de fêtes de charité, dont elle pouvait l’empêcher d’être le collaborateur.

Vaincue par cet argument, l’irréconciliable Barbe se décida à faire une visite rue d’Assas. Elle n’était pas fâchée d’ailleurs de juger par elle-même de ce qu’il y avait de vrai dans ce qu’on lui racontait de l’élégante habitation de son beau-frère.

La grossesse de Lise lui fournissait une occasion toute naturelle de se rendre auprès d’elle, bien qu’elle eût d’abord accueilli cette nouvelle avec dépit, car avait eu un instant l’espoir que sa belle-sœur n’aurait plus d’enfant, et un jour qu’elle avait été prévenue par Mme Daubrel, Mme Paul Meyrin vit arriver chez elle Mme Frantz avec son mari.

L’entrevue fut des plus cordiales et des plus franches, du moins de la part de Frantz et de Lise. Celle-ci était sincèrement heureuse de ce rapprochement et, séance tenante, on décida que le passé serait oublié, qu’on se verrait régulièrement deux fois par semaine, alternativement les uns chez les autres, et que Nadèje viendrait le plus souvent possible rue d’Assas. Sa tante promettait d’amuser la chère fillette et de la promener elle-même au Luxembourg.

Tout cela bien arrêté, Mme Paul Meyrin voulut faire les honneurs de son appartement à sa belle-sœur, et celle-ci fut bien forcée de reconnaître que le bon goût y régnait partout.

Lorsque la femme du musicien entra dans l’atelier, ce fut mieux encore : elle demeura un instant éblouie de la richesse des tentures et des merveilleux objets d’art qui