Page:René de Pont-Jest - La Bâtarde.djvu/104

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Les maîtres dont il avait été l’élève favori désespéraient de lui.

Mademoiselle Berthier, qui avait le sentiment inné des belles choses, s’était bien aperçue de cet affaissement, et souvent elle avait voulu réveiller en son amant l’amour vrai de l’art ; mais lorsqu’elle entrait dans son atelier, elle y apportait le désir et non l’inspiration, et Richard, chaque jour, tombait plus bas.

La seule œuvre digne de ce nom qu’il eût entreprise depuis la naissance de cet amour fatal était le portrait de Gabrielle. On retrouvait dans ce tableau à peine ébauché toutes les qualités qui avaient valu à M. Berney le grand prix de Rome ; mais, ainsi que le fils du Titien avec Béatrice Donato, bientôt, dans le modèle il ne voyait que la maîtresse, le pinceau lui tombait des mains, et la Fornarine devenait Dalila.

C’est au moment où les choses en étaient là que madame Berthier reçut de Bourbon la nouvelle de la mort de son frère et la lettre de Me Duchemin lui annonçant qu’elle héritait de plus d’un million.

Le rêve de Gabrielle allait donc se réaliser en partie. Elle allait être riche, et riche d’une fortune dont la source honorable lui permettrait de briller la tête haute.