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spectacle féerique qu’offrait le jardin ; et elles s’étaient accoudées là, pour en admirer la luxuriante végétation tropicale.

Madame Berthier était une petite femme brune, d’une quarantaine d’années déjà, mais encore fort agréable. Elle avait conservé de fort belles dents et un sourire plein de jeunesse. Sans le cercle bistré dont les plaisirs ou les soucis avaient encadré ses grands yeux noirs, elle eût pu, sans trop risquer de trouver des incrédules, se rajeunir d’une demi-douzaine de printemps.

Quant à sa fille, c’était une splendide créature, dans l’acception la plus complète du mot.

Gabrielle était grande, admirablement faite. Sa taille était fine sans être grêle, son buste riche et gracieux, d’une distinction tout aristocratique. Elle avait pris a sa mère ses extrémités de créole. Il était impossible de rêver un ovale plus pur, plus virginal que celui de son visage, qu’éclairaient deux grands yeux d’un bleu sombre, qui devenaient presque noirs à l’éclat des lumières.

Son nez fin, aux ailes roses et mobiles, était droit comme celui d’une statue grecque. La forme de sa bouche était d’une correction antique. Lorsqu’elle souriait, on apercevait à travers ses lèvres