Page:René de Pont-Jest - La Bâtarde.djvu/15

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carminées, sensuelles, des dents merveilleusement belles. Son menton un peu fort, mais d’un dessin néanmoins irréprochable, dénotait un caractère ferme, viril. Sa chevelure superbe, d’un blond doré, encadrait orgueilleusement de ses reflets fauves son front élevé. Son teint était pâle, non d’une pâleur maladive, mais d’une pâleur mate, que paraissaient ne pouvoir jamais troubler ni la fatigue, ni l’émotion.

L’admirable physionomie de Gabrielle semblait, en effet, recouverte d’un masque d’impénétrabilité absolue. Autant madame Berthier était vive, impressionnable, autant sa fille était calme, maîtresse d’elle-même.

On eût dit que Gabrielle n’avait pas des désirs, mais seulement des volontés.

Lorsque sa mère lui avait appris à Paris l’héritage inespéré qui leur arrivait, elle avait simplement dit : « Partons ! »

Pendant cette longue traversée de trois mois qu’il lui avait fallu supporter pour franchir l’immensité qui sépare la France de l’île Bourbon, les calmes des tropiques ne lui avaient pas plus arraché un geste d’impatience que les tempêtes du cap de Bonne-Espérance un mouvement de frayeur.