Page:René de Pont-Jest - La Bâtarde.djvu/16

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En débarquant à Saint-Denis, elle s’était installée à l’hôtel Joinville avec autant d’indifférence apparente que si elle eût pris possession d’un appartement au Grand-Hôtel, à Paris ; et elle était entrée chez Me Duchemin, où elle venait cependant chercher un million, comme s’il se fût agi pour elle d’une visite à un voisin de campagne.

Aussi, pendant que sa mère saluait d’acclamations enthousiastes les cactus et les aloès gigantesques du notaire, la jeune fille ne lui répondait-elle que par monosyllabes.

Il est vrai que, de là où elle était, Gabrielle ne perdait pas un mot de la conversation de Me Duchemin avec son jeune ami, et que cette conversation était fort intéressante.

Soyons aussi peu discret que mademoiselle Berthier, afin d’apprendre à nos lecteurs les motifs de la visite matinale de Paul à l’honorable notaire, mais faisons d’abord un pas en arrière pour dire plus complètement ce qu’était notre héros.

Paul du Longpré, qui avait à peine connu sa mère, était le fils d’un riche colon dont il avait hérité, moins d’un an auparavant, d’une centaine de mille livres de rente.

La perte de son père avait affecté Paul d’autant plus qu’il ne lui restait aucun parent dans la