Page:René de Pont-Jest - La Bâtarde.djvu/197

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Or, comme cet enfant est une fille, on me la laissera jusqu’à six ou sept ans, qui sait encore ? puis un jour, on l’arrachera de mes bras pour la lui donner.

— Cela ne peut se faire sans votre consentement !

— Cela se peut au contraire, à moins qu’un autre n’ait pris les devants et que mon enfant soit déjà reconnu par cet autre, lorsque son père se présentera à son tour. Et puis, j’ai voulu vous voir, Richard, pour vous demander pardon ; mais si je vous ai fait souffrir, j’en suis cruellement punie, vous le voyez. Ah ! je vous jure qu’avant que je franchisse pour toujours le seuil de cet atelier, où j’ai été si heureuse, vous pouvez bien m’accorder une parole de pitié. Vous n’avez pas le droit d’être si sévère pour moi, car c’est à mon amour pour vous que je dois et la perte de ce million que j’étais allée chercher à Bourbon, et aussi la perte de ce nom qui m’avait été promis.

— À votre amour pour moi ?

— Sans doute : M. Morin, mon oncle, averti de notre liaison par l’un de nos parents, qui connaissait ses bonnes dispositions à mon égard, a déshérité ma mère ; et l’homme qui devait m’épouser