Page:René de Pont-Jest - La Bâtarde.djvu/217

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Richard Berney, tout naturellement, avait été chargé de surveiller la fillette et de régler avec madame Brétigny ; mais la vue de Jeanne, qui portait son nom par le fait d’un marché infâme, lui était odieuse. Elle éveillait ses remords et rouvrait ses plaies. Aussi ne tarda-t-il pas à cesser tout à fait de s’occuper de l’enfant, dont il se contentait de payer exactement la pension.

C’est à peine si, tous les deux ou trois mois, il avait le courage de franchir le seuil de la maison de madame Brétigny, dans la lâche espérance de recevoir quelques remercîments de mademoiselle Berthier, en échange des nouvelles qu’il lui envoyait de sa fille.

M. de Martry, à qui Richard avait souvent fait part de tout ce qu’avait de douloureux pour lui cette mission imposée par Gabrielle, s’était toujours contenté de répondre :

— Tu es un pauvre fou, qui n’a que ce qu’il mérite. Tu as aidé à torturer un honnête homme ; tu as commis une faute irréparable, c’est le châtiment ! Dieu veuille que l’avenir ne le réserve rien de plus cruel encore ! Aie l’énergie, au moins, de racheter ta faiblesse en remplissant ton devoir. Jeanne n’est pas coupable des mauvaises actions