Page:René de Pont-Jest - La Bâtarde.djvu/244

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désobligeante. Eh bien ! si vos souvenirs sont aussi fidèles, je vous jure que les miens ont tout à fait disparu. M. du Longpré m’a refusé son nom, c’était son droit, je le veux bien, quoiqu’il me l’eût promis ; moi, je lui ai refusé sa fille, c’était encore bien plus mon droit, à moi qui ne lui avais fait aucune promesse. Partant, nous sommes quittes. Il vit de son côté, je vis du mien, sans les rentes qu’il a eu la générosité de me faire. Que peut-on me reprocher ? Jeanne est-elle malheureuse ? Est-elle mal élevée ? Suis-je une mauvaise mère ? Forcée de quitter la France et voulant éviter à ma fille les fatigues d’un long voyage, ainsi que les rigueurs d’un climat dangereux, je l’ai placée dans une excellente institution, chez une bonne et digne femme qui a eu pour elle toutes les tendresses et tous les soins. En quoi ma conduite peut-elle me mériter votre froideur et votre rancune ? Faites-moi le plaisir de ne plus penser à cette ridicule histoire, et redevenez bien vite mon ami comme jadis. Le voulez-vous ?

L’ancien officier de marine était absolument interdit, car enfin tout ce que disait là mademoiselle Berthier était exact, et pour des gens moins initiés que lui au drame qui s’était joué entre la jeune femme et M. du Longpré, il n’y avait pas grand-