Page:René de Pont-Jest - La Bâtarde.djvu/248

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— Je vais vous le dire : parce que M. du Longpré a vu Jeanne toutes les semaines depuis trois ans, qu’il en est fou, et qu’ayant appris déjà sans doute que je la retire de chez madame Brétigny, il ne peut se faire à l’idée de ne plus la revoir.

L’ancien officier de marine ne put dissimuler sa surprise.

— Ah ! vous ne me saviez pas aussi bien renseignée. Pauvres sots que vous êtes tous, vous autres hommes, lorsque vous voulez entrer en lutte avec nous ! Mais lorsque vous nous trompez et que nous vous laissons faire, en paraissant l’ignorer, c’est que nous avons intérêt à être trompées ! Oui, je sais les visites de M. du Longpré, avenue d’Eylau ; oui, je connais ses promenades avec Jeanne, qui l’appelle « mon ami » et l’adore ; je sais tout cela depuis le premier jour. Si j’étais une mauvaise femme, comme le dit votre ami et comme vous le pensez peut-être, je me serais opposée à ces réunions, j’aurais privé M. du Longpré de cette joie…

— Dont vous le priverez désormais.

— Moi ! je n’y pense pas ! Seulement, si M. du Longpré veut voir ma fille, vous entendez, ma fille, il viendra la voir chez moi, sa mère.

— Vous savez bien que c’est impossible.