Page:René de Pont-Jest - La Bâtarde.djvu/283

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paration que je veux. Ces messieurs sont gens bien élevés ; il suffira de les prier de ne rien dire pour que tout reste entre nous.

Le créole, lui, n’avait pas prononcé un seul mot, mais le rouge lui était monté au front à cette outrageante prétention de la jeune femme.

— Décidez-vous, monsieur, reprit-elle avec un de ces accents d’irrévocable volonté dont elle savait accompagner ses paroles ; sinon, vous et moi, nous aurons perdu notre temps.

— Soit ! dit M. du Longpré d’une voix sombre, je subirai cette dernière humiliation. Appelez Jeanne et ces messieurs !

Mademoiselle Berthier fit signe à un de ses domestiques et lui donna un ordre à voix basse.

Quelques secondes après, MM. de Joigné et Dusert, fort intrigués, entraient dans le boudoir.

Mademoiselle Berthier leur adressa textuellement la phrase convenue, en leur recommandant de lui garder le secret de l’étrange nouvelle dont elle les informait. M. du Longpré approuva du regard et du geste, et les témoins de cette scène s’inclinèrent, plus stupéfaits encore qu’ils ne voulaient le paraître.

Jeanne arriva au même instant. Elle s’était arrêtée tout interdite sur le seuil du boudoir ; mais,