Page:René de Pont-Jest - La Bâtarde.djvu/86

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Le même train emportait, au milieu de mille autres correspondances, une lettre ainsi conçue :

« Mon cher ami, nous sommes arrivées au Havre, ma mère et moi, après une horrible aventure. La fortune, que nous pensions recueillir à Bourbon, nous a été enlevée par nos parents de la colonie. Nous serons à Paris demain ; venez le soir même à l’hôtel du Louvre. J’ai besoin de votre amitié et de toute votre expérience. En attendant, pas un mot de mon retour à qui que ce soit, surtout à lui !

« Votre Gabrielle. »

Cette lettre était adressée à M. de Martry, rue du Cirque.

Nous verrons bientôt ce qu’était M. de Martry pour mademoiselle Berthier et pourquoi elle lui écrivait ainsi.

En attendant, revenons à M. du Longpré.

Bien que le chemin de fer fût pour le créole un moyen nouveau de locomotion, qui l’émerveilla tout d’abord, la route ne tarda pas à lui paraître d’une interminable longueur. Alternativement son esprit allait de celle qu’il venait de quitter au vieillard qui l’attendait, et d’une manière encore vague, mais tenace, il avait comme le pressentiment d’une lutte douloureuse.