Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/144

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son hôtel à Paris, il avait jugé que Germain lui serait plus utile là qu’en voyage, et il n’avait emmené aucun domestique ; mais aussitôt à Milan, il engagea une femme de chambre française, dont il n’avait pas à craindre les indiscrétions, puisqu’elle ne savait rien du passé de sa nouvelle maîtresse, et il s’efforça de procurer à la duchesse toutes les distractions possibles.

Il lui fit ainsi visiter Florence, Rome et Naples, puis ils remontèrent à Venise, en passant par Foggia et en suivant la côte de l’Adriatique.

L’ex-pensionnaire des Visitandines était enchantée de voir des pays qu’elle avait toujours rêvé de parcourir, et le duc n’aurait pu lire dans les lettres qu’elles adressait à Paris que des éloges à son sujet.

Non que Claude aimât son mari avec passion ; mais elle était reconnaissante du rang auquel il l’avait élevée, des hommages que lui attirait son nom, de l’existence qu’il lui faisait mener ; et tout en n’oubliant ni sa mère, ni sa tante, ni Verneuil, ni même le couvent, elle était heureuse, ne s’imaginant pas qu’un époux put être plus tendre, plus épris que le sien.

Quant à M. de Blangy-Portal, après le premier moment de satisfaction et de surprise qu’il avait ressenti en trouvant sa femme remplie de tant de qualités charmantes, il était redevenu promptement l’homme d’avant son mariage, et il lui tardait de retourner à Paris, non pour reprendre ses habitudes d’autrefois, il ne se l’avouait pas du moins, mais tout simplement pour mettre un terme à la vie monotone de cohabitation conjugale que le voyage lui imposait.

Aussi annonça-t-il un beau matin à la duchesse, après d’ailleurs deux mois d’excursion, qu’ils al-