Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/145

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laient se diriger vers la frontière française, et la jeune femme, qui ne demandait pas mieux peut-être que de faire son entrée dans le monde, fut tout à fait de son avis.

Ils repassèrent par Milan et de là s’en furent à Nice, où ils arrivèrent précisément en plein carnaval, c’est-à-dire à ce moment où tout l’univers élégant semble s’y être donné rendez-vous.

Claude ne s’imaginait pas que l’on pût se livrer à une telle débauche de plaisirs pendant des mois entiers, et ce bruit la fatigua bientôt à ce point que Robert, dans le seul but, disait-il, de lui procurer un peu de calme, l’emmena à Monte-Carlo. Il avait fait retenir un appartement à l’hôtel de Paris, où l’on retrouve si complet tout le confort parisien.

La fille de Mme Frémerol connaissait à peine de nom la principauté de Monaco, et elle ignorait bien certainement les attraits spéciaux de ce rocher que les millions perdus par les joueurs ont transformé en féerique serre tropicale.

Aussi fût-elle saisie d’admiration naïve à la vue de ces jardins de Sémiramis, semés de villas coquettes escaladant les collines ; et lorsqu’elle eut entendu, dans la délicieuse salle de spectacle du casino, les premiers artistes de l’Europe ; quand, en suivant les découpures boisées de la côte baignée par les flots bleus et sous un ciel d’un immuable azur, elle eut parcouru les environs et vécu pendant une semaine de cette existence de rêve et de printemps éternel bien faite pour griser les plus sages, elle se demanda comment on pouvait vivre ailleurs.

Mais cet enthousiasme tomba un peu lorsqu’elle se