Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/170

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Tout était donc pour le mieux ; Claude ne ressentit aucune fatigue pendant la route, et la première personne qu’elle aperçut à la gare d’arrivée fut sa mère.

Sachant avec qui sa fille voyageait, Mme  Frémerol n’avait pas manqué d’accourir pour la recevoir.

Néanmoins, comme il pouvait se trouver parmi les voyageurs quelques Parisiens les connaissant toutes les deux, Geneviève et la duchesse n’échangèrent là qu’un sourire, mais lorsqu’elles eurent pris place dans le landau qui attendait au dehors, elles se jetèrent dans les bras l’une de l’autre.

Le bonheur de l’ancienne maîtresse de Berquelier était inexprimable ; il y avait près de deux mois qu’elle ne s’était trouvée seule avec sa fille, qui lui était enfin rendue, pour quelques semaines au moins. Elle en éprouvait une telle joie qu’au moment où la voiture franchissait la grille de la villa, elle tenait encore la jeune femme pressée contre sa poitrine.

C’est que depuis que Claude était duchesse, depuis que le rêve de sa vie était devenu réalité, il n’y avait plus de place dans le cœur de Mme  Frémerol pour l’ambition, mais seulement pour l’amour maternel. Il lui semblait que jamais elle n’avait tant aimé celle dont elle avait eu le courage de se séparer pour lui donner un titre, au prix de cette séparation ; elle se demandait comment elle avait pu se résoudre à un semblable sacrifice et si, la chose étant à refaire, elle en aurait maintenant l’énergie.

Quant à Claude, en se retrouvant dans cette maison où elle avait grandi, insouciante et gaie, il lui sembla qu’elle rajeunissait de plusieurs années, et, le soir, lorsque sa mère, après l’avoir aidée à se mettre au lit