Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/18

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Il tenait à la main un objet plat qu’il se hâta de dépouiller du papier qui l’enveloppait.

C’étaient deux plaques de cuivre rouge gravées en taille-douce. Sur l’une d’elles il était facile de reconnaître, bien qu’ils fussent tracés à l’envers, certains mots tels que : Banque de France, — Cent francs, et les fameuses signatures : Ville, de Crouzaz-Crétet, les prédécesseurs de MM. Soleil et Marsaud.

— Superbe, vraiment superbe ! s’écria l’inspecteur, en faisant remarquer au commissaire de police le fini et l’exactitude des moindres dessins de la plaque. Si notre homme avait aussi bien réussi son papier, il aurait pu devenir millionnaire tout à son aise. Mais voilà le hic, c’est ce maudit papier ! Tout le monde ne peut pas être outillé comme l’État.

À ces mots, Mme Mourel jeta un cri d’horreur. Elle avait compris.

Jean était un faussaire !

La jeune femme s’était affaissée sur un siège. Sa physionomie exprimait une telle épouvante, une si profonde stupéfaction, une si grande douleur qu’on ne pouvait en douter elle était étrangère au crime de son mari.

M. Roblot en était si convaincu que, s’approchant d’elle, il lui dit :

— Du courage, madame. C’est un grand malheur pour vous, mais, hélas ! vous n’y pouvez rien.

— Oh Jean, Jean ! un faussaire ! un voleur ! répétait-elle avec plus d’horreur encore que de désespoir.

— Et où est-il ?

— Vous le verrez bientôt.

— Il est arrêté ?