Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/206

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Adolphe Berquelier avait compris, mais comme il connaissait la fillette, s’était mis à l’aimer beaucoup, et savait que sa mère, après l’avoir reprise aux braves gens qui la soignaient depuis sa naissance, l’avait confiée aux sœurs de la Visitation de Mantes, où elle allait deux ou trois fois par semaine, il se vengea un beau matin en remettant à Geneviève les clefs de la villa qu’il avait achetée à Verneuil, au nom de sa fille.

— De cette façon, lui dit-il, vous aurez un pied-à-terre à dix minutes du couvent. Cela vous permettra de passer avec la chère petite les jeudis et les dimanches, au lieu de la laisser à sa pension. Quant à moi, je n’irai là-bas que lorsque vous le voudrez bien.

— Vous êtes le meilleur des hommes, répondit la jeune femme véritablement émue ; là-bas vous serez chez vous, comme ici.

Ensuite, le jour même, elle était allée à Verneuil, avait trouvé le pays charmant, la maison superbe, et deux mois plus tard, la bonne Madame Ronsart, de Reims, bien stylée par sa nièce sur ce qu’elle avait à dire et à taire, s’était installée à la villa Claude, en qualité de grand’tante à héritage de la petite pensionnaire des Visitandines de Mantes.

C’est là qu’en étaient les choses depuis déjà trois ans, quand, poussé tout à la fois par son amour, un inconscient sentiment des convenances, la plus tendre affection pour Claude et peut-être aussi par la crainte de voir lui échapper le bonheur si complet dont il jouissait, Berquelier offrit à sa maîtresse de l’épouser et de reconnaître sa fille.

La Frémerol, qui n’avait jamais songé que cette proposition pourrait lui être faite un jour, demeura