Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/303

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qu’il n’ignorât rien du passé de Geneviève, afin de bien arrêter, d’accord avec elle, tout un plan de défense.

Aussi, le lendemain matin, après une nuit que l’insomnie lui rendit interminable, se présenta-t-il chez Mme  Frémerol, avant même qu’elle eût sonné sa femme de chambre.

Il avait hâte de retourner à Paris pour apprendre ce qui s’était passé au boulevard de Courcelles.

La mère de Claude s’empressa de le recevoir.

L’infortunée était vraiment méconnaissable. Après avoir hésité longtemps à se mettre au lit, elle avait fini par s’y décider, mais pour ne pas trouver un seul moment de repos.

Chaque fois qu’elle avait voulu fermer les yeux, le spectre de son mari s’était présenté à son imagination terrifiée par le souvenir de la scène sanglante dont elle avait été l’héroïne.

On eût dit, à ses traits bouleversés, qu’elle sortait d’une maladie grave ; on devinait, à ses paupières gonflées et rougies, que, pendant de longues heures, elle n’avait pas cessé de pleurer.

Guerrard fut littéralement effrayé de la trouver dans un tel état.

— Oh ! ma chère amie, lui dit-il, en s’asseyant auprès de son lit et en prenant affectueusement ses mains qui étaient brûlantes, si vous ne parvenez pas à dissimuler un peu, nous sommes tous perdus. Voyons, du courage, pour votre fille surtout ! Si elle entrait en ce moment, que deviendriez-vous ? J’ai beaucoup réfléchi à tout et je conserve la conviction que vous ne serez mêlée en rien à la disparition de qui vous savez.