Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/479

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Elle ne sortait guère que pour faire, deux fois par semaine, son pieux pèlerinage au cimetière Montmartre, où elle rencontrait souvent Mme  Ronsart, venue tout exprès de Verneuil, et, en traversant le parc Monceau, le docteur, avec qui elle causait quelques minutes.

Ces jours-là, elle rapportait rue de Lille une nouvelle dose de courage et de résignation.

Quant à M. de Blangy-Portal, plus que jamais sous la domination de Léa Morton, il s’endettait pour satisfaire à toutes ses fantaisies, vivait publiquement avec elle, et n’ayant plus de crédit au Cercle impérial, jouait partout, dans des salons interlopes, où la police apparaissait parfois, et dans les tripots dont les prêteurs étaient tout fiers d’ouvrir leurs portefeuilles au noble client que le vice leur envoyait.

Car le duc était un joueur fatalement condamné à toujours demander des ressources aléatoires au tapis vert et aux courses, ainsi que tous ceux qui n’ont pas pour contre-poids une industrie, un travail quelconque, ou des devoirs dont ils ne songent jamais à s’affranchir.

Ces derniers seuls peuvent guérir, ou tout au moins échapper à ces terribles entraînements du jeu, qui coûtent si souvent l’honneur aux désœuvrés, car, forcés à certains moments de s’arrêter pour retourner à leurs occupations ou à leur famille, il suffit de ces intermittences de sagesse pour ne pas permettre à la plus terrible des passions de les envahir complètement.

De plus, comme l’argent que risquent les travailleurs, négociants, littérateurs ou artistes, est le fruit