Page:René de Pont-Jest - La Duchesse Claude.djvu/481

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tait à la facilité que celui-ci aurait de l’entretenir sans témoins.

Elle n’eut conscience de ce danger ou plutôt de cette épreuve, car l’honneur de M. de Blangy-Portal était en sûreté entre leurs mains, que quand, pour la première fois, elle se vit seule avec Paul, dans ce même salon où il lui avait juré de lui consacrer sa vie.

Alors elle se mit à trembler, n’osant lever les yeux, se défiant d’elle-même et prête à regretter d’avoir reçu le docteur, lorsque celui-ci, qui l’examinait attentivement et comprenait ce qui se passait en elle, lui dit avec un inexprimable accent de respectueuse tendresse :

— Ne craignez rien de moi, Claude, pas même de nouveaux aveux. J’ignore ce que l’avenir nous réserve, j’espère qu’il rachètera le passé, mais, moi, je ne vois en vous que celle dont j’ai fait le malheur et que j’ai mission de défendre. Pas un seul mot d’amour ne sortira de mes lèvres. Si je redoutais de ne pas avoir le courage de tenir ce serment, que je me suis fait à moi-même, je me priverais du bonheur de vous rencontrer jamais.

— Mon ami ! s’écria la duchesse profondément émue.

Et elle lui tendit ses deux mains, qu’il eut l’héroïsme de seulement presser dans les siennes, sans les couvrir de baisers.

À partir de cette époque et tout le temps que M. de Blangy-Portal resta dans le Midi, Guerrard alla deux ou trois fois par semaine rue de Lille, mais il demeura toujours maître de ses sentiments, et l’affection de Claude pour lui ne s’en fit que plus grande.