Page:René de Pont-Jest - Le Cas du docteur Plemen.djvu/161

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secrétaire en bois de rose, l’ouvrit convulsivement et y prit un paquet de lettres, qu’elle vint placer, en rougissant, sur les genoux de Mme  Deblain.

— Oh ! oh ! s’écria celle-ci d’un ton de gravité comique, après avoir jeté un coup d’œil sur ces feuilles, dont il était aisé de deviner le contenu. Oh ! sœur chérie ! Comment, ce pauvre colonel ! Mais aussi, on n’a pas l’idée d’aller au Japon, quand on a une jolie petite femme telle que toi !

Elle riait comme une folle, aspirait voluptueusement de ses narines roses et mobiles les parfums qu’exhalaient ces lettres, les lisait avec des moues adorables et, s’interrompant çà et là, s’écriait :

— Mais c’est charmant, ravissant, enivrant ! On ne m’en a jamais écrit autant, pas même le cousin Archibald qui, cependant, se prétendait fou de moi. Ah ! je suis sûre que c’est un Français qui s’exprime ainsi ! Tiens ! ça n’est pas signé et on ne t’appelle jamais par ton nom. Il est vrai que : « Mon adorée, ma chérie, ma bien-aimée, mon âme », c’est encore plus doux à lire que Jenny.

— Il comprenait sans doute que je voudrais garder tout cela, fit avec un inexprimable accent d’amour Mme  Gould-Parker.

— Eh bien ! qui t’en empêche ? Lorsque ton mari sera sur le point d’arriver, tu me confieras ces précieuses épîtres ; je les enfermerai chez moi, au fond d’un tiroir secret de mon bahut italien ; et, de temps en temps, tu viendras les relire à ton