Page:René de Pont-Jest - Le Cas du docteur Plemen.djvu/193

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lente qui semblait le paralyser ne lui avait permis de prononcer que quelques paroles témoignant de sa douleur de la perte de son ami et de son affection pour celle qu’une si grande infortune accablait.

Puis, bientôt et brusquement, comme s’il eût craint de trahir tous ses sentiments en présence de Mme  Gould-Parker, il s’était retiré.

La seconde fois que Plemen s’était présenté au château, une semaine plus tard, Mme  Deblain était seule. Alors il s’était jeté à ses genoux et avait saisi ses mains en lui disant, dans une sorte d’égarement fiévreux :

— Rhéa, avez-vous donc oublié déjà combien je vous aime ? Ne vous éloignez pas ainsi de moi ; fuyons tous les deux ce pays pour un théâtre plus digne de nous !

Mais la jeune femme lui avait répondu tout à la fois avec douceur et fermeté, en le repoussant :

— Si je n’ai jamais eu d’amour pour mon mari et si j’ai commis la faute de ne pas vous le cacher, je veux du moins respecter sa mémoire. Oubliez ma légèreté d’autrefois, mon ami. Laissez le temps faire son œuvre, sinon d’oubli, du moins de calme. Je suis résolue à passer tout mon deuil dans la plus profonde retraite. Je dois bien cela à celui qui a été si bon pour moi.

Le docteur était rentré à Vermel aussitôt, plus sombre encore ; mais personne ne s’étonnait de