Page:René de Pont-Jest - Le Cas du docteur Plemen.djvu/88

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guérir, je laisserais l’athée au chevet de mes malades. Comment voulez-vous donc que j’en éloigne celui qui leur dit, au contraire : « Tes douleurs te seront comptées dans un monde meilleur ! Dieu peut faire un miracle pour te sauver ! La mort est la délivrance et la joie éternelle, » et qui, en leur disant cela, que ce soit vrai ou faux, leur donne le courage, le calme, la patience, l’insensibilité que nous leur désirons. Voilà pourquoi, comme médecin, je supplie le conseil de ne priver l’hôpital ni de ses Sœurs ni de ses prêtres ! »

Il est aisé de comprendre l’effet considérable que produisit ce discours du docteur Plemen.

Les gens religieux en tirèrent la conclusion que le savant praticien était un croyant, puisque, tout en se servant d’arguments qu’il n’avait sans doute employés que pour les besoins de sa cause, il n’en avait pas moins défendu les prêtres et les Sœurs ; et les libres penseurs le jugèrent de leur bord, puisqu’il n’avait demandé le maintien dans les hôpitaux de ceux qu’ils voulaient en chasser, que dans un intérêt public et absolument médical.

Quant aux conseillers municipaux de Vermel, qui peut-être craignaient un peu le mauvais effet de la mesure qu’ils avaient proposée, dans un simple but de popularité auprès de leurs électeurs, ils rendirent grâce à celui dont l’habileté leur permettait de ne pas soutenir leur proposition.

Par ce coup de maître, Erik Plemen avait adroi-