Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/111

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tirer de cette pipe, d’un usage tout nouveau pour moi, je me crus mort. Le godok, c’est-à-dire la pâte dont on emplit le récipient, est composé de feuilles de rose, de sucre candi et d’opium, et la fumée de cet amalgame, quoique traversant le réservoir d’eau avant d’arriver à la bouche du fumeur, est tellement forte et acre qu’elle prend au gosier et n’est pas sans danger pour des bronches trop délicates. Le robuste Canon lui-même éternuait de temps à autre en ne me paraissant goûter que très-médiocrement la pipe indienne. Pour moi, j’avais promptement fait signe au houkabadar de me débarrasser de son instrument, et j’avais allumé un cigare, ce que je trouvais infiniment préférable.

Quant aux femmes et aux indiens qui nous entouraient, ils semblaient découvrir des jouissances inouïes dans les glou-glous des houkas ; glou-glous qu’il est de bon ton de prolonger le plus longtemps possible, mais exercice qui fait faire, suivant moi, la plus vilaine des grimaces.

J’avais imité mon compagnon. Auprès des officiers anglais, je m’étais, moi aussi, étendu sur des coussins à deux pas des groupes formés par les bayadères.

Deux des quatre Indiennes qui dansaient devant nous étaient vraiment jolies ; la nach qu’elles exécutaient était pleine de mouvements gracieux et voluptueux.