Page:René de Pont-Jest - Le Fire-Fly.djvu/250

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plus que les manœuvres ordinaires ; mais qu’un mât se rompe, qu’une voile se déchire, qu’un événement important arrive sur son navire, sans même se traduire par un choc ou par un bruit retentissant, il est aussitôt debout. Un changement de direction dans la marche, le réveille plutôt que le mugissement de la tempête.

Je m’éveillai donc, et je soulevai le rideau qui me cachait les rameurs. Ils étaient tous à leurs bancs, excepté mon domestique qui s’était couché à l’arrière, mais il me sembla qu’il affectait de dormir d’un profond sommeil et que mes hommes étaient troublés de mon apparition subite. Je jetai un regard sur les rives du fleuve, je ne les reconnus pas. Uni comme un lac, le Gange roulait lentement et sans murmures entre des bords plus rapprochés que ceux que j’avais remontés pour gagner Chandernagor. En regardant à l’arrière, je me rendis compte de ce qui avait troublé mon sommeil.

Au lieu, de suivre le large bras qui descend directement vers Calcutta, mes rameurs avaient lancé leur bateau entre deux îles qui partagent le Hougli en dessous de Serampour.

J’eus subitement le pressentiment qu’un danger me menaçait ; mais je ne voulus laisser rien voir de mes craintes, je me retournai tranquillement vers le patron, tout en surveillant les Indiens.

— Pourquoi, lui dis-je, as-tu pris ce chemin au lieu de suivre la rive droite du Hougli ?